L’option A représente la vie avec la personne qu’on aime. Lorsque celle-ci meurt, on n’envisage plus rien, la vie reste en suspens. Pourtant, il faudra bien à un moment donné accepter l’idée d’adopter l’option B : continuer à mener sa vie sans cette personne. Le livre Option B est écrit par Sheryl Sandberg, dont le mari est mort d’une crise cardiaque, et par Adam Grant, ami psychologue qui l’a aidée dans son deuil. Ils y parlent de résilience, de psychologie du deuil et du fait de retrouver la joie de vivre.
Ils citent le psychologue Martin Seligman selon qui notre rétablissement est souvent freiné par ce qu’il appelle les « trois P » :
1. la personnalisation : la conviction que ce qui est arrivé est de notre faute [= la sempiternelle culpabilité] ;
2. la perméabilité : la conviction que cet événement va affecter tous les domaines de notre vie ;
3. la permanence : la conviction que le séisme provoqué par cet événement durera éternellement.
Après la mort de mon compagnon, j’avais aussi l’impression que ma tristesse ne s’estomperait jamais, que je resterais dans le même état de dévastation pour le reste de ma vie. Pourtant, aussi difficile qu’il soit de l’avouer, je vais mieux aujourd’hui. Par extension et toute proportion gardée, on a tendance, comme le dit Sheryl Sandberg, à surestimer la durée de l’impact négatif de certains événements sur notre vie (ne serait-ce que l’échec d’un examen, une rupture amoureuse, etc.).
Les auteurs donnent également des conseils sur les interactions avec l’entourage, et encouragent les personnes en deuil à ne pas s’isoler dans le silence. Beaucoup de proches sont mal à l’aise et il faut parfois oser briser la glace.
« Des proches me demandaient : ‘Comment vas-tu ?’, mais je le prenais plus comme une formule de politesse banale que comme une question sincère. J’avais envie de leur hurler : ‘Mon mari vient de mourir, comment crois-tu que j’aille ?’. Je ne savais pas comment réagir aux phrases toutes faites. Et à part ça, c’était sympa, cette petite balade en voiture, madame Kennedy ?«
Un autre chapitre est consacré à la croissance post-traumatique : le fait de rebondir et d’aller de l’avant. Ils estiment qu’il est important de ne serait-ce que concevoir qu’il est possible de devenir plus fort. Sheryl Sandberg a appris à mieux apprécier la vie et à être reconnaissante des liens qu’elle a avec son entourage.
« Même si c’est difficile à envisager, la disparition de l’une de nos identités potentielles peut nous libérer et nous permettre d’en envisager une autre. Après un drame, nous passons parfois à côté de ces opportunités parce que nous dépensons toute notre énergie émotionnelle à regretter notre ancienne vie. »
Pour retrouver la joie, Sheryl Sandberg a commencé par ne plus laisser de côté les choses qui lui rappelaient son mari, mais de les intégrer dans son quotidien. Autre effort non moins évident (car l’être humain est programmé pour se concentrer davantage sur le négatif que sur le positif) : accepter et prêter attention aux moments de joie.
Les auteurs sont américains et ça se ressent à la lecture, mais cela n’empêche qu’Option B est un livre que je vous recommande vivement. Les conseils sont précieux et les auteurs citent leur propre expérience, ainsi que des études et des témoignages pour étayer leurs propos.